A qui de droit,
En réaction à l’infolettre “Solution prescripteurs sporadiques (…)”,
Il est erroné et choquant de réduire la problématique au fait qu’un DME (dossier médical électronique) serait “un outil démesuré” pour des “prescripteurs sporadiques” qui n’auraient “que rarement des contacts avec des patients”.
Il y a surtout que les logiciels de gestion du dossier médical disponibles sont des outils fortement formatés pour un type de pratique et un environnement de travail précisément défini, à savoir le médecin généraliste idéal tel que le conçoit l’autorité de santé. Certes ces outils rencontrent plus ou moins les besoins du contingent numériquement le plus conséquent de médecins généralistes. Pour ce créneau, une logique concurrentielle entre logiciels propriétaires peut donner le change.
Cependant, il existe de nombreuses autres modalités de pratique qui concernent certes une minorité de prestataires et de patients, mais qui sont souvent les seules portes d’entrée vers le système de soins pour ces publics. On peut citer les projets belges de Médecins du Monde, les centres spécialisés dans les assuétudes, entre autres.
En aucune façon, par exemple, la dizaine de médecins pratiquant dans l’ambulatoire toxicomanie bas seuil bruxellois, et émettant à ce titre probablement plus de la moitié des prescriptions de stupéfiants dans des structures produisant plus de vingt milles contacts annuels, ne peuvent être qualifiés de “prescripteurs sporadiques” qui n’aurait “que rarement des contacts avec des patients”.
Pour ces médecins, les logiciels existant ne sont pas démesurés, ils sont simplement mal mesurés, pas adaptés. La logique concurrentielle entre logiciels propriétaires ne peut pas rencontrer ces segments trop restreints et trop hétérogènes du système de soins de santé, car ils ne constituent pas des marchés potentiellement rentables.
Seule une logique collaborative et modulaire est susceptible d’y répondre à un coût raisonnable … Il est incompréhensible que les pouvoirs publics ne semblent pas envisager de financer le développement d’applications modulaires à code ouvert qui permettraient d’articuler tous ces prestataires de soins, médecins ou non, dans le respect du secret médical et au bénéfice de tous !
Dr Jerry Wérenne
Médecin directeur au Lama asbl
Administrateur du Réseau Hépatite C – Bruxelles asbl et de la FEDITO BXL asbl