Une résolution relative à l’incompatibilité entre les messages de prévention de la Communauté française contre les assuétudes et les pratiques publicitaires en matière d’alcool a été votée, à l’unanimité, en séance plénière du Parlement de la Communauté française.
A l’initiative d’André du Bus (cdH), cette résolution a été co-signée par Véronique Salvi, Carlo Di Antonio, Veronica Cremasco, Patrick Dupriez, Jacques Morel, Léon Walry, Alain Onkelinx, Sophie Pécriaux, Caroline Persoons, Jacques Brotchi et Florence Reuter, et fait suite à une réflexion menée avec des acteurs de terrain et des chercheurs (Infor-drogue, Univers Santé de l’UCL, la plateforme Jeunes-alcool et le Conseil de la Jeunesse). Pour les auteurs, la Communauté française a le devoir de garantir un environnement promoteur de santé et, à cet égard de mieux considérer la vulnérabilité des jeunes.
Les représentations positives diffusées par les publicitaires dominent bien souvent l’idée des risques liés à une consommation excessive. Les effets de l’alcool sont généralement présentés comme bénéfiques. Les consommateurs, et plus particulièrement les adolescents, minimisent le pouvoir addictif de l’alcool et les difficultés à sortir d’une dépendance.
Si globalement, la consommation d’alcool n’est pas problématique pour une majorité de jeunes, une tendance à la surconsommation, avec notamment le « binge drinking », boire dans le but d’atteindre l’ivresse, a fait son apparition et est en augmentation. Le danger réside dans la banalisation de la surconsommation alors que les risques liés à l’alcool sont bien réels.
Les jeunes représentent en effet le public cible des publicitaires. Ils constituent une catégorie particulièrement vulnérable. Les jeunes sont largement manipulés par la publicité, dont l’objectif ultime est de vendre.
S’agissant de l’alcool, les publicités sont de plus en plus étudiées pour attirer de nouveaux consommateurs, dans l’optique d’en faire des clients réguliers. Pour atteindre plus facilement les jeunes, les alcooliers développent de nombreuses stratégies : nouveaux produits avec packaging adapté, placement de produit dans des émissions, séries ou films, avantages aux cercles étudiants, bouteilles d’alcool dans les chambres aux premiers inscrits pour des vacances au ski, soirée « ladies night » où l’alcool est distribué gratuitement jusqu’à épuisement des stocks…
Dans ce contexte, la résolution demande notamment au Gouvernement de la Communauté française de :
- généraliser la présence de points d’accès gratuits à l’eau potable dans tous les lieux relevant de la Communauté française (administrations, écoles, maison de jeunes…) ;
- conditionner son soutien aux organisations et événement ressortant de ses compétences (sportif, culturels…), qui proposent à la vente des boissons contenant de l’alcool, à l’obligation de permettre un accès gratuit à l’eau potable et d’interdire la distribution gratuite ou vente au forfait de boissons alcoolisées (open bars…) ;
- soutenir toute démarche au niveau Fédéral, en concertation avec les acteurs de terrain, en vue de créer un Conseil Fédéral de la Publicité, public, transparent et indépendant, au pouvoir réellement contraignant dont les missions comprendraient notamment un volet de contrôle, de sanction, d’observation et d’avis.
Pour l’initiateur de la résolution, André du Bus, l’autorégulation a montré ses limites et c’est maintenant aux politiques de prendre des mesures pour réguler les pratiques commerciales en matière d’alcool.
Source principale : http://www.andredubus.be
Alain Willaert (CBCS)