Un projet de relogement qui a vu le jour aux Etats-Unis est actuellement expérimenté dans notre capitale. Les résultats sont impressionnants et doivent encourager sa mise en œuvre durable avec des moyens budgétaires appropriés.
La fin du sans-abrisme à Bruxelles est possible ! Elle est même à portée de main, ou plutôt de décision ministérielle.
De plus en plus d’acteurs de terrain, mais aussi de fédérations de différents secteurs, se mobilisent pour réaffirmer que l’objectif premier de l’aide aux sans-abri doit être la sortie durable de la rue, et que le logement et l’accompagnement sont des éléments clés de la réussite.
Ils sont nombreux à croire qu’une politique cohérente, globale et systématique dans ce sens, peut mener à la fin du sans-abrisme.
En 2014, date du dernier dénombrement, il y avait en Région bruxelloise 779 personnes sans-abri, c’est-à-dire dormant en rue ou dans des structures d’hébergement d’urgence. La fin du sans-abrisme signifierait pouvoir offrir une solution de logement durable pour toutes ces personnes.
Le Housing First, ou logement d’abord, entend contribuer avec force à cet objectif de fin du sans-abrisme, en donnant un accès direct depuis la rue à un logement et à un accompagnement spécifique aux sans-abri qui cumulent trop de problématiques (santé mentale, physique, addictions…) pour arriver à s’en sortir par eux-mêmes ou via les structures d’aide classiques.
Le modèle Housing First comporte une série de principes (non-conditionnalité de traitement, séparation de l’accompagnement et des droits et devoirs liés au logement, non-jugement…) qui permettent de travailler avec les plus fragiles, ceux qui jusque-là refusaient toute aide et en qui plus personne ne croyait.
Et ça marche ! Démarré aux Etats-Unis il y a plus de vingt ans, le Housing First est devenu, en Amérique du Nord et dans une dizaine de pays d’Europe, un pilier majeur de la politique publique d’aide aux sans-abri. Les résultats sont impressionnants : plus de 80 % de maintien en logement et une diminution des coûts pour la société.
En Belgique, les premiers projets Housing First ont vu le jour en 2013. En Région bruxelloise, les ASBL Infirmiers de rue et Santé Mentale & Exclusion Sociale – Belgique (SMES-B) le mettent en place dans le cadre du projet Housing First Brussels avec des résultats qui confirment et même dépassent les objectifs fixés : 100 % de maintien de logement, deux ans après le début du projet.
Pouvoir rebondir rapidement
Les porteurs et partenaires du Housing First, aux côtés de nombreux autres acteurs, souhaitent aujourd’hui encourager les Ministres à travailler à un changement de paradigme : l’accompagnement en logement plutôt que l’assistance à la rue.
Aujourd’hui, avec les moyens annuels alloués aux dispositifs d’urgence – 10 millions d’euros –, il serait possible de reloger durablement la majorité des personnes actuellement en rue présentant les profils les plus complexes.
La COCOM a, dès 2015, soutenu les expériences Housing First à Bruxelles grâce à un financement de 400.000 euros. Le renouvellement de ce budget en 2016 est déjà acquis, et c’est précieux, mais il ne pourra permettre aucun développement du projet, ni de passer du stade de l’expérimentation à une réelle mise en œuvre d’un changement stratégique dans la lutte contre le sans-abrisme. Une augmentation de cette enveloppe apparaît aujourd’hui comme largement nécessaire et urgente.
L’objectif est de viser une nouvelle situation d’équilibre, où l’essentiel des efforts sera mis dans le suivi en logement, aussi bien après un passage en rue ou en maison d’accueil que préventivement, avant la perte du logement. Dans ce cas de figure, les services d’hébergement d’urgence pourront, eux, à nouveau se concentrer pleinement sur les situations relevant effectivement de l’urgence, c’est-à-dire des situations inopinées où des personnes doivent être mises à l’abri pour une durée limitée et dans le but de leur permettre de rebondir rapidement, après l’un ou l’autre accident de la vie.
Dans cette situation de « zéro sans-abri », où toute personne contrainte de vivre à la rue se voit offrir non seulement une solution d’urgence mais aussi, très rapidement une solution à plus long terme, la disponibilité permanente de logements ainsi que l’accompagnement en logement deviendront les facteurs décisifs de la réussite. C’est donc bien là que les investissements importants devront être faits, à long terme cette fois, si on veut avoir un impact réel et durable sur la problématique.
Il n’est pas du tout impossible d’imaginer une telle situation à Bruxelles, et beaucoup d’associations sont prêtes à s’y engager. Mais ceci n’est envisageable que dans le cadre d’une politique globale et un plan de fin du sans-abrisme, nécessairement lancés et soutenus financièrement par les pouvoirs publics, avec la participation active à la fois des acteurs associatifs et des services publics.
Signataires
Le SMES-B, Infirmiers de rue, La Fédération bruxelloise des Institutions pour Toxicomanes, La Fédération des Maison d’accueil et des services d’aide aux sans-abri, Le Forum, Bruxelles contre les inégalités, La Ligue Bruxelloise Francophone pour la Santé Mentale, La Fédération des Services de Santé Mentale Bruxellois francophones, La Fédération des Services Sociaux.
Cette carte blanche a également été publiée dans les pages du journal Le Soir du 26 avril 2016
C’est un projet vraiment parfait , mais de la à croire que les sdf disparaitront totalement j’en suis pas convaincu du tout car même si la majorité accepteraient , il y auras toujours une petite minorité pour qui être sdf c’est une façon de vivre , un mode vie et c’est d’ailleurs pas tant le fait d’être « sdf » qui les définis mais la liberté d’aller ou bon leurs semble sans avoir de compte à rendre à qui que se soit , avoir aucune attache particulière , ni papier d’identité , ni toucher d’aide de l’état , ni sécu . Les seuls moments ou l’on est « obligé » d’avoir besoin de ces derniers c’est lorsqu’on le vas en prison pour divers délits . France