La question de la création de « salles de shoot [de consommation à moindre risque] » répond à des enjeux multiples. Pour la santé publique, mais aussi pour la sécurité des territoires concernés. Si l’ensemble de ses pays limitrophes ont adopté le dispositif, suivant les recommandations de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, la Belgique peine à s’engager sur cette voie, contrainte par l’interdiction de rassemblements de personnes usant de substances hallucinogènes, une loi qui date de 1921.
Exclusion sociale ou sans domicile fixe
« Il faut réactualiser la loi. Les salles de consommation à moindre risque, comme nous préférons les appeler, permettent à la fois d’encadrer la consommation des toxicomanes, en leur apportant un soutien médical et social, mais aussi de sécuriser l’espace public : une salle, cela veut dire moins de seringues qui traînent, moins de personnes seules, moins de violence », nous explique Sébastien Alexandre, directeur de la fédération bruxelloise francophone des institutions pour toxicomanes. Ainsi, chez Transit, un centre d’accueil et d’hébergement d’urgence pour les personnes souffrant de dépendances aux drogues, 735 personnes ont été accueillies en 2017, et le nombre moyen de passages dans le centre par année s’élève à 11.000. « C’est difficile d’estimer la population concernée par la création de ces salles. D’ailleurs nos chiffres ne concernent que les personnes souffrant d’exclusion sociale, ou qui parfois n’ont pas de domicile. Dans les pays où des salles ont été mises en place, on oscille entre 78 et 400 passages par jour, selon le secteur où elle est située », nous explique Bruno Valkeneers, porte-parole du centre.
Si Liège ouvrira sa première salle de consommation à moindre risque le 5 septembre prochain, Bruxelles étudie encore le projet. « Nous sommes en train de travailler avec les acteurs de soins, mais aussi avec les services de police et de justice pour trouver la meilleure formule afin de réduire les nuisances et l’insécurité des usagers », souligne Wafaa Hammich, porte-parole de Philippe Close (PS).
Source : Après Liège, Bruxelles étudie le projet de salles de consommation à moindre risque (Le Soir Plus)