Bruxelles, 27/05/2020 | A pleine capacité, notre secteur était déjà à saturation et les secteurs vers lesquels les usagers doivent pouvoir être orientés également (maison d’accueil, cure, hôpitaux,…). La crise COVID n’a rien arrangé en impactant l’offre de prise en charge (blocage administratif, remise en ordre socio-administrative lente, démarches plus longues, nouvelles candidatures difficiles dont les suivis post-carcéraux, capacités d’accueil limitées…). De plus, les publics fragilisés le sont encore plus, ce qui renforce les besoins de prises en charge rapides pour prévenir l’apparition de situations individuelles qui nécessiteront à terme des suivis plus lourds et des leviers vers les soins plus nombreux, en ce compris dans les prisons. A l’intensification des problématiques répond en écho l’intensité des mesures qui doivent être prises et soutenues, selon un principe d’universalisme proportionné, inclusif et co-responsable.
Il faut:
- Plus de places et plus rapidement pour que ces personnes puissent se mettre à l’abri; développement de structures d’hébergements d’urgence supplémentaire pour les personnes toxicomanes, développement de maisons d’accueil pour les usagers de drogues en situation de grandes précarités et Housing first pour ce même public.
- Prévenir l’engorgement des différentes lignes de soins ainsi que faciliter l’articulation entre l’ambulatoire et le résidentiel, en soutenant les équipes mobiles existantes et à créer, la concertation autour du patient dans des situations complexes et le case management ainsi qu’une culture de la concertation entre services, institutions et niveaux de pouvoirs dans les lieux existants.
- Renforcer les services ambulatoires et les équipes mobiles qui doivent intervenir tant dans les hébergements collectifs, les domiciles ou les espaces communautaires, particulièrement pour la prise en charge de publics cumulant des difficultés psychologiques, sociales et des problèmes de consommation. Maintien des dispositifs financés lors de la crise COVID (maraudes, offres décentralisées…)
- Renforcer les services d’aides et de soins aux justiciables (incarcérés ou non).
- Ouvrir rapidement la salle de consommation à moindre risque et développer ou maintenir des espaces de jour bas seuil comme le centre Jacques Brel.
- Renforcer la fonction 0.5 à Bruxelles avec des services spécifiques et en incluant les publics vulnérables dans la première ligne de soins: toxicomanes, travailleurs du sexe, migrants, sans-abris.
- Renforcer les collaborations avec les médecins généralistes.
- Elargir l’accès aux matériels de réduction des risques (bornes automates), aux traitements de substitutions et permettre à tous les intervenants d’adopter les gestes qui sauvent des vies en les autorisant à administrer de la naloxone (antidote aux overdoses) par voie nasale, comme s’est déjà le cas dans de nombreux autres pays européens.
- Renforcer et créer des plateformes d’aides en lignes sécurisées et professionnelles, structurellement viables y compris avec l’engagement de thérapeutes spécialisés pouvant répondre adéquatement et avec l’expérience nécessaire à cette pratique de consultation à distance ou mixte (à distance + présentiel).
- Besoin d’accompagnement et de recommandations pour adapter l’offre aux mesures sanitaires:
- pour relancer les activités de groupes, les formations…,
- pour diminuer l’impact anxiogène des mesures sanitaires peu propices à faciliter le lien, la confiance, la convivialité,
- pour soutenir les travailleurs, psychologiquement et pratiquement.
- Si la pertinence d’un dépistage sérologique se confirme, le mettre en place pour les travailleurs qui le souhaitent.
- De manière plus large, construire un plan concret de gestion de crise tenant des apprentissages issus de cette crise COVID,
Enfin, à un niveau macro, il est plus qu’urgent que la question des personnes précarisées, a fortiori si elles souffrent d’assuétudes, prenne une place centrale dans le développement de nos sociétés futures. Le secteur spécialisé ne revendique pas une place privilégiée mais bien d’être écouté et entendu. En même temps et avec le même respect que les autres. Cette écoute doit se faire par l’ensemble des niveaux de pouvoirs qui, au vu du morcellement des compétences et la transversalité de la problématique, sont tous, de près ou de loin concernés.
Ces points d’attention sont partagés par la FEDITO BXL & la Coordination assuétudes de Plate-forme de Concertation pour la Santé Mentale en Région de Bruxelles-Capitale.