ÉDITO | La fédito bxl change de nom pour devenir la fédération bruxelloise des institutions spécialisées en matière de drogues et addictions ou « féda bxl »
Notre fédération a choisi ce nouveau nom pour refléter l’évolution des domaines complexes des drogues et des addictions, ainsi que des multiples approches que notre secteur souhaite promouvoir pour améliorer la santé et le bien-être des individus et des communautés de la Région bruxelloise, et au-delà.
Dès sa création, en 1987, la fédération a placé l’aide et l’accès aux soins des personnes usagères de drogues au cœur de ses missions. Depuis lors, les usages de drogues n’ont cessé de croître. Aujourd’hui, les substances psychotropes sont plus nombreuses et accessibles que jamais, qu’elles soient légales ou illégales, naturelles ou synthétiques. Elles sont consommées par toutes les classes sociales et par des citoyens de tous âges. Les motivations sont variées : stimulation, socialisation, conformité, réduction de l’anxiété, de la dépression ou de la douleur, amélioration des performances, transcendance, et, en cas de dépendance physique : la réduction des symptômes de manque*.
Parallèlement, les addictions, avec ou sans substances (écrans, jeux de hasard et d’argent, sexe, etc.) ont pris elles aussi une ampleur considérable.
Tou·te·s les citoyen·ne·s sont concerné·e·s. Désormais, la consommation d’une drogue n’entraîne plus automatiquement une étiquette de toxicomane pour l’individu. De la rue aux centres de jour ou résidentiels, en passant par les écoles, les milieux festifs, les prisons ou encore les médias, nos services ont multiplié les lieux d’intervention. Notre secteur est particulièrement dynamique. Les modalités d’action et les équipes évoluent sans cesse pour proposer des réponses innovantes à la diversité des besoins et tenter de rencontrer les demandes croissantes de la population. Dans cette optique, la fédération facilite le partage de visions stratégiques et de pratiques de terrain afin de mettre en place des réponses à tous types d’usages et de conduites potentiellement addictives.
Bien que les représentations sociales aient changé depuis les années 80, elles demeurent encore souvent stéréotypées, stigmatisantes et empreintes de tabous. Ces représentations continuent à retarder l’accès aux soins et à compliquer la réinsertion socio-professionnelle. Elles bloquent aussi la mise en place de politiques drogues globales plus efficaces et cohérentes.
Sur base de l’expérience de ses membres, de personnes utilisatrices de substances psychotropes et des données scientifiques, la féda bxl continuera à être une force de proposition sur la décriminalisation des usager·ère·s, la réglementation du cannabis, la vape, les approches liées au genre, les personnes en situation d’exil… Elle se consacrera également à toute autre question exigeant une évolution significative des politiques actuelles en matière de drogues et addictions, comme l’atteste son récent Mémorandum politique du secteur spécialisé drogues et addictions bruxellois.
Pour la féda bxl,
Stéphane Leclercq
Directeur
*Hogge M. (2023), Les motivations à l’usage de drogues : une diversité trop souvent oubliée, Addiction(s) : recherches et pratiques n°7, pp 25-27.