Oxycodone, hydrocodone, roxicodone : des opioïdes, au mode d’action similaire à l’héroïne, à la morphine ou au fentanyl. Mais aussi des comprimés de valium, de xanax, d’autres encore. Ce n’est même pas sur le « dark net » que la photo a été diffusée : en l’occurrence, c’est sur Twitter, mais cela aurait pu être sur Facebook, Instagram, et potentiellement tous ces réseaux sociaux démultipliant les contacts, entre parents, amis et collègues, et entre dealers et consommateurs.
Le dealer n’est plus forcément en rue. Il est sur le « dark net », le web caché. Il est aussi sur le « net visible », le web pour les 7 à 77 ans. Le dealer n’attend plus qu’on vienne à lui : il propose, envoie par la poste ou livre à domicile. Et tant que le marché sera lucratif, les stratégies de vente évolueront toujours plus.
Le consommateur est donc lui aussi sur Twitter, et achète ce qui est normalement des médicaments : des comprimés de benzodiazépines, des cachets d’opioïdes, des pilules médicalement prescrites pour des douleurs physiques ou des angoisses mentales. Le consommateur de drogues n’est plus seulement l’injecteur d’héroïne ou le sniffeur de cocaïne. Forcément, les problématiques restent partiellement les mêmes, déjà puisque pour tout produit vendu dans l’illégalité, il n’y aura jamais de label qualité et toujours le risque du frelaté.
Mais le profil de l’usager de « drogues » évolue fortement, tout comme évolue le profil des drogues elles-mêmes : désormais, les centres spécialisés sont amenés à travailler avec des consommateurs récréatifs, abusifs ou dépendants, de drogues légales, de drogues illégales, de drogues illégales mais tolérées, ou encore de drogues légales pas encore illégales. Désormais la Fédération des institutions pour toxicomanes est amenée à faire des recommandations sur l’alcool et demain sur la vape. Désormais explosent la masse et le nombre d’enjeux liés à des produits nouveaux, à des usages multiples, à des mésusages diversifiés, à des addictions complexes, et à des problématiques socio-sanitaires intriquées…
Il va sans dire que nos centres, et certains plus que d’autres, accueillent toujours celui que l’on nomme « toxicomane » : souvent polyconsommateur, grand précaire, voire grand exclu. Mais la toxicomanie résume-t-elle encore l’ensemble des publics et des problématiques auxquels les centres spécialisés doivent s’adresser ?
De quoi la Fédération des institutions pour toxicomanes est-elle encore le nom ? Les réalités de 1987, première année de dépôt des statuts de l’asbl, sont-elles les mêmes qu’en 2017 ? Les termes « Fédération bruxelloise des Institutions pour Toxicomanes » sont-il d’actualité ?
Ces questions sont posées au sein du Conseil d’Administration de la FEDITO BXL. Et parce que les réponses ne sont pas aisées, il est fait appel à vous, chers lecteurs / followers / supporteurs :
Avez-vous des idées, des suggestions, des réflexions, quant à l’identité et aux positionnements de la FEDITO BXL, ou quant aux thématiques sur lesquelles elle s’investit (ou devrait s’investir) ?
Si l’asbl devait changer de nom, lequel proposeriez-vous afin de répondre aux enjeux à venir, aux évolutions de la société ?
Que représente pour vous une FEDITO BXL idéale ?
C’est ainsi : certains sont à l’ère Twitter. Le sommes-nous aussi ?
C’est notre responsabilité que d’y répondre.
C’est votre engagement que de nous y aider.
MERCI pour vos éclairages : promis, juré, il en sera fait bon usage.
… Après l’été, qu’on vous souhaite excellent et reposant.
Sébastien Alexandre
Directeur
FEDITO BXL