Les politiques de drogues dans la majorité des États ont échoué, selon un nouvel Indice d’évaluation

Onze verontschuldigingen, dit bericht is alleen beschikbaar in Frans.

Lundi 8 novembre 2021 (Londres, Royaume-Uni) – Le tout premier Indice mondial sur les politiques en matière de drogues révèle que les politiques des drogues de la plupart des pays du globe ne respectent pas les recommandations les plus élémentaires émises par les Nations Unies. L’Indice – développé par le « Consortium sur la Réduction des Risques » qui regroupe diverses organisations de la société civile ainsi que des organismes associatifs, en partenariat avec le milieu académique – émet un appel urgent auprès des gouvernements pour réformer leurs politiques au plus vite.

L’Indice mondial sur les politiques en matière de droguesGlobal Drug Policy Index » en anglais) constitue la toute première analyse de données jamais réalisée à l’échelle internationale portant sur les politiques des drogues et leur mise en œuvre. L’Indice repose sur 75 indicateurs répartis dans cinq dimensions, à savoir : le système pénal, les réponses extrêmes, les mesures de réduction des risques, l’accès aux médicaments sous contrôle international et le développement. Cet outil d’évaluation unique en son genre permet à la fois de documenter, de mesurer et de comparer les différentes politiques des drogues nationales mises en place à travers le monde. L’indice qui en ressort attribue un score et un classement permettant d’évaluer si les politiques de chaque pays, ainsi que leur mise en œuvre, sont conformes aux principes de droits humains, de santé et de développement de l’ONU. Plus le score est élevé, plus les politiques des drogues du pays sont en conformité avec la Position commune de l’ONU sur les drogues.

La toute première version de l’Indice évalue la performance des politiques de 30 pays répartis dans différentes régions du globe. Elle est également étayée par de nombreux témoignages provenant du monde entier, en particulier de personnes usagères de drogues.

Les résultats de cette première évaluation mettent en évidence les points suivants :

  • L’approche politique militarisée et répressive continue de prévaloir dans le domaine des drogues. Le recours mortel à la force par l’armée ou la police a été rapporté dans la moitié des pays, en particulier au Mexique et au Brésil.
  • Le contrôle des drogues a un impact disproportionné sur les personnes marginalisées en raison de leur sexe, de leur origine ethnique ou de leur milieu socio-économique dans l’ensemble des pays étudiés.
  • L’application des lois sur les drogues cible principalement les personnes ayant commis des délits non-violents, en particulier les personnes usagères de drogues : seuls 8 pays sur les 30 étudiés ont décriminalisé l’usage et la possession de drogues. Parmi eux, seuls 3 ont réellement réussi à limiter les interactions avec le système de justice pénale.
  • Le déficit des financements affectés à la réduction des risques est extrêmement préoccupant : seuls 5 pays sur 30 ont alloué les budgets nécessaires pour la réduction des risques et, parmi eux, seule la Norvège dispose d’une politique de financement à long-terme.
  • Il existe un écart considérable entre les politiques gouvernementales et leur mise en œuvre pour garantir l’accès aux médicaments contrôlés, notamment en Inde, en Indonésie, au Mexique et au Sénégal. Ces pays obtiennent un score assez élevé pour leurs politiques, mais obtiennent un score de 0/100 en termes de disponibilité pour ceux et celles qui en ont besoin.
  • Les programmes de développement alternatif dans les zones de culture illégale privilégient les mesures d’interdiction et d’éradication : la Colombie obtient ici un score particulièrement bas (23/100) en raison de sa politique militarisée axée sur l’éradication forcée et le recours nocif à la pulvérisation aérienne.

L’Indice révèle que la majorité des pays évalués ont échoué à mettre en place des politiques conformes avec les recommandations les plus basiques de l’ONU, et appelle les gouvernements à prioriser les réformes. 

Pour Julita Lemgruber, ex-Directrice de l’Administration pénitentiaire de l’État de Rio de Janeiro, « Ces résultats montrent clairement qu’aucun gouvernement ne peut se permettre de se reposer sur ses lauriers. Même pour les pays les mieux classés, d’énormes progrès restent encore à faire. Les gouvernements du monde entier doivent abandonner l’idée que les politiques en matière de drogues sont des instruments de « guerre » et les considérer au contraire comme un moyen de promouvoir les droits humains et la citoyenneté ».

La publication du site web interactif est également accompagné d’un rapport analytique (en anglais et en espagnol).

L’Indice mondial sur les politiques en matière de drogues est un projet du « Consortium sur la Réduction des Risques », qui inclut les partenaires suivants : le Réseau Européen de Personnes Usagères de Drogues (EuroNPUD), l’Association Eurasienne sur la Réduction des Risques (EHRA), le Réseau Eurasian des Personnes Usagères de Drogues (ENPUD), l’Observatoire Mondial sur les Politiques des Drogues (GDPO) à l’Université de Swansea, Harm Reduction International (HRI), le Consortium International sur les Politiques des Drogues (IDPC), l’Association du Moyen Orient et d’Afrique du Nord sur la Réduction des Risques (MENAHRA), le Réseau Ouest-Africain sur les Politiques des Drogues (WADPN), le Réseau International sur les Femmes et la Réduction des Risques (WHRIN), et Youth RISE.

Les résultats de l’Indice mondial sur les politiques en matière de drogues, ainsi que son rapport analytique et les témoignages de personnes touchées par les politiques de drogues, seront disponibles depuis le 8 novembre 2021 sur www.globaldrugpolicyindex.net.

Info / contact / presse (en français) : Marie Nougier, Chargée de Recherche et de Communications à l’IDPC : mnougier(@)idpc.net

Twitter Facebook LinkedIn Pinterest Email