Mars 2020, le lockdown est décrété. Dans les secteurs du social et de la santé, c’est le branle-bas de combat. Les services se réorganisent pour continuer à répondre aux besoins des plus fragiles. Des partenariats inédits se tissent, d’autres s’approfondissent, des projets se montent, les barrières sectorielles tombent.
Éric Husson, coordinateur de l’antenne d’Anderlecht du Projet Lama, plante le décor. « Beaucoup de patients sont en difficulté et le coronavirus met en lumière les publics précarisés de Bruxelles, notamment les personnes en rue, les toxicomanes, les migrants et les personnes prostituées. Ils sont là, tous bien visibles dehors. Tout à coup, ils ne sont plus anonymes. » L’associatif alerte sur la situation de tous ces oubliés des (premières) prises de décision politiques et dont les besoins sont de plus en plus criants.
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Partout, on s’active pour mettre les personnes sans toit à l’abri dans des espaces adaptés à la situation sanitaire. Autre préoccupation : maintenir le lien avec des publics trop inquiets pour se déplacer. Sortir des murs plutôt qu’attendre de les voir venir, c’est l’intention fondatrice du projet Combo élaboré par quatre partenaires du secteur bas-seuil « assuétudes » : le Projet Lama, Transit, la maison d’accueil sociosanitaire de Bruxelles et le Réseau hépatite C. « Il y avait aussi nos collègues du Samusocial qui devaient garder confiné un public de consommateurs et cette situation les mettait en difficulté », ajoute Éric Husson. Encore une fois, c’est une équipe mobile qui est mise sur pied pour tenir, dans les centres du Samusocial, de la Croix-Rouge et les hôtels ouverts pour héberger des publics à la rue, des permanences autour des questions de dépistage, traitements de substitution, réduction des risques et accompagnement psychosocial. Avec cette équipe se développe un savoir-faire spécifique : la capacité à se fondre dans un cadre institutionnel autre et à accrocher avec finesse des usagers-consommateurs à l’intérieur d’espaces où l’alcool et les drogues illégales sont prohibés et sanctionnés. « Il y a désormais une réflexion autour de cette question », se réjouit Coralie Debock, psychologue. Dans le centre de confinement médicalisé de Tour et Taxi, le sujet est très vite à l’ordre du jour : il s’agit d’éviter que les patients usagers d’alcool ou de drogues fassent le mur pour se réapprovisionner. « En très peu de temps, MSF prend position, un bar est installé et on organise un dispositif de réduction des risques pour un public qui serait parti dans la nature », raconte Éric Husson. Une démarche qui s’appuie sur des réflexions avec des associations d’autres pays confrontées aux mêmes questions. « Cela a enclenché un déplacement dans les manières de travailler », estiment Éric Husson et Coralie Debock.
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Lire la suite de l’article / source : Santé Conjuguée n°93, décembre 2020 : « Covid-19, an 1 de la pandémie »