CARTE-BLANCHE | Lorsqu’on évoque un « travail social de première ligne », on pense spontanément à une rencontre en face à face qui comprend un accueil, une activité d’écoute et de conseil, l’élaboration conjointe d’une réponse à une situation où les droits ne sont pas respectés, sont bafoués et où la dignité que la constitution garantit à chaque citoyen est compromise ou absente.
La crise sanitaire que nous venons de vivre a suspendu l’exercice d’un tel travail dans beaucoup d’institutions.
Nous qualifierions volontiers ce type de travail social d’ « élémentaire » dans le sens où il constitue un élément sine qua non dans une société qui, depuis les révolutions du XVIII siècle, proclame l’égalité de tous les citoyens ; dans l’acception aussi où cela doit faire évidence : « c’est élémentaire ».
Or ce qui a disparu dans trop de lieux institutionnels pendant la crise et aurait pu être considéré comme une obligation de présence et de soin, à l’instar de la santé physique, ne réapparaît pas pleinement aujourd’hui, voire semble parfois voué à devenir une option à la demande.
Tout se passe comme si la « réalisation » des missions sociales par écrans interposés ou le succédané de cette réalisation était appelé à perdurer au moins partiellement. Plusieurs réformes plusieurs « accords » vont même dans le sens de considérer qu’on pourrait concéder à certains et dans certaines conditions l’exception d’une prise en compte en présentiel, alors que la règle deviendrait le traitement virtuel des « dossiers ».
Il faut refuser cette « évolution » – cette régression- pour au moins 6 raisons.
Lire la prise de position du RWLP et de RTA
Un texte de Christine Mahy et Jean Blairon publié sur le site du Réseau Wallon de Lutte Contre la Pauvreté (novembre 2021)