Depuis plusieurs mois, la France assiste avec dépit à une surenchère politique et sécuritaire ciblant les consommateurs de drogues. Cette addiction à la répression est pourtant inefficace, coûteuse et dangereuse. Les organisations du Collectif pour une nouvelle politique des drogues, dont nos collègues de la Fédération Addiction, publient une tribune dans Mediapart appelant à un débat sur la dépénalisation des consommations.
L’été 2023 aura été marqué par une course aux déclarations provocantes et stigmatisantes visant les consommateurs de drogues. L’arène de cette épreuve ? Les médias. Les coureurs ? Des politiques de tous bords.
En juin, Emmanuel Macron, donne le top départ en déclarant : « Les gens qui ont les moyens de consommer de la drogue […] il faut qu’ils comprennent qu’ils nourrissent des réseaux et qu’ils ont une complicité de fait ». S’ensuivent des sorties médiatiques plus provocantes et infondées les unes que les autres. Le ministre de l’Intérieur accuse les usagers de drogues de susciter les règlements de comptes de trafiquants, lorsqu’il n’en fait pas carrément les responsables de « l’exploitation des mineurs, des assassinats, [du] financement du terrorisme, [de] la prostitution ». Éric Ciotti prône un « plan anti-drogues », prévoyant de « multiplier par cinq les amendes » qui s’élèveraient donc à 1 000 €. Fin septembre, sa collègue Christelle D’Intorni renchérit et annonce au sujet de l’amende forfaitaire vouloir « l’augmenter à 10 000 € ».
Cette course à la surenchère répressive s’étend au-delà de l’arène médiatique, nous laissant assister à un véritable sprint gouvernemental et parlementaire depuis le début de l’année. En janvier, des députés du groupe majoritaire déposent une proposition de loi pour augmenter l’amende forfaitaire délictuelle à 500 € et l’étendre aux mineurs. Début avril, le ministre de l’Intérieur confirme que « l’augmentation des peines des consommateurs de drogues est à l’ordre du jour ». Dans la foulée, les députés Les Républicains, proposent de modifier la sanction pénale d’un à deux ans de prison, de 3750 à 15 000€ d’amende, et de 200 à 10 000 € pour l’amende forfaitaire. En septembre, un sénateur républicain présente à son tour une proposition de loi pour une hausse de l’amende pénale à 15 000 €, de l’amende forfaitaire à 1 000 € et pour des tests obligatoires de dépistage de stupéfiants dans les lycées.
La réalité finira-t-elle par rattraper le monde politique ?
Lire la suite de la tribune sur le site de Médiapart (26/11/2023)