Les enjeux en santé mentale sont majeurs en prison : public déjà fragilisé, conditions de détention indignes dans de nombreux établissements, angoisses liées à l’enfermement, risque suicidaire, problématiques d’assuétudes, etc. Les répercussions de l’enfermement sur la santé mentale des individus sont significatives, aggravant souvent des troubles existants ou en induisant de nouveaux. Ces derniers mois, les autorités ont investi des moyens nouveaux pour améliorer la prise en charge des personnes mais l’ampleur de la tâche est conséquente. Ce dossier se concentre sur ce sujet, en explorant les défis rencontrés par les personnes privées de liberté et en mettant en avant différentes initiatives. (…)
Usages et mésusages de produits en prison
Il est difficile de parler de santé mentale des personnes détenues sans s’attarder sur la question de l’usage de drogues. En effet, force est de constater que les produits stupéfiants sont souvent à l’origine de nombreuses incarcérations en Belgique (50 % des personnes condamnées en 2022 l’étaient pour au moins une infraction liée aux drogues selon les statistiques SPACE du Conseil de l’Europe et encore 30 % en 2023, sans que nous ne puissions cependant expliquer cette baisse). Cette prévalence importante s’explique notamment par une loi vieille de plus de cent ans (la loi de 1921) qui continue de criminaliser les personnes consommatrices (et détentrices) de drogues. Or, la consommation de produits ne s’arrête pas aux portes de la prison. Au contraire, l’EMCDDA a soulevé qu’il subsiste un risque important de continuer voire de commencer à consommer intra-muros3. Dans le même sens, une étude4 menée en Belgique entre 2021 et 2023 indique que 29 % des personnes interrogées ont déclaré avoir consommé des produits illicites pendant leur détention et 18 % des répondant·es ont signalé avoir consommé d’autres produits que le cannabis (cocaïne, héroïne, etc.). Plus interpellant encore, les chiffres de cette même étude montrent que 31 % des répondant·es ont commencé à consommer des produits illicites (autres que le cannabis) pendant leur détention (amphétamines, cocaïne en poudre, héroïne, crack, etc.). Ceci dit, chez les femmes, il semblerait que celles-ci soient moins nombreuses que les hommes à consommer, autant avant leur détention que pendant.
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Retrouvez la suite de cet article Santé mentale en prison : à quand une politique à la hauteur des enjeux ? (ainsi que d’autres), dans la dernière newsletter de I.Care asbl, MursMurs #15 (été 2024)