Les manquements aux droits humains pleuvent dans les prisons saturées (Amnesty International • Belgique)

Le parc carcéral belge, c’est 39 établissements pénitentiaires, soit 10773 places pour les 12130 détenu∙e·s, selon les données du SPF Justice au 15 mai 2024. Autrement dit, une surpopulation carcérale de 12,6 % et des politiques toujours plus expansionnistes. Ainsi, le parc carcéral s’étend, les incarcérations sont de plus en plus nombreuses, sans pour autant constater d’augmentation majeure de la criminalité.

Énième problème lié à la santé, celui de la drogue. Agathe De Brouwer, avocate et codirectrice de l’Observatoire International des Prisons, précise : « Une personne sur deux dans les prisons belges a un lien avec la drogue. » Le directeur du CCSP, Marc Nève, relève que la Belgique « est championne d’incarcération pour trafic et consommation de stupéfiants. Il faut agir au niveau de la santé publique, plutôt que d’envoyer les toxicomanes en prison. » Martin Bouhon signe : « On voit des gars en taule pour un gramme de cocaïne, mais il faut se lever tôt pour réussir à enfermer l’auteur d’un féminicide. »

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Pour nos intervenant∙e·s, la solution est claire : il faut incarcérer le moins possible – si ce n’est pas du tout (voir ci-dessous). Les travaux d’intérêt général, la surveillance électronique ou par un∙e assistant∙e de justice, la liberté conditionnelle, les quotas pour la préventive sont tout autant de moyens pour désengorger les prisons. « Les solutions sont connues, mais on ne les applique pas », regrette Marc Nève. « Dans l’imaginaire collectif, on professe que seule la prison est une vraie peine. La Belgique annonce toujours d’ouvrir de nouveaux établissements mais cette course à toujours plus ne va pas. La prison ne sert à rien, elle aggrave même la situation. Il faut d’autres initiatives pour diminuer la détention, mais il n’y a aucune réflexion au niveau politique. » Notre chaîne pénale est saturée. Réduire le nombre de personnes en prison donnerait de l’air à tout le monde.

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Tou·te·s les acteur·rice·s du monde pénitentiaire le constatent : la prison ne permet ni réparation, ni réinsertion. « Quand plus de la moitié des personnes qui sortent de prison récidivent, on comprend qu’elles sont finalement encore plus abîmées socialement, économiquement et humainement qu’avant », énonce Agathe De Brouwer, avocate et codirectrice de l’Observatoire International des Prisons.

Lire l’article : Les manquements aux droits humains pleuvent dans les prisons saturées (Amnesty International • Belgique, 2/9/2024)