Au vu des récentes sorties dans les médias concernant le protoxyde d’azote (1) et de l’évocation d’une proposition de loi, déposée par le MR, qui viserait à interdire ce produit, la FEDITO BXL asbl tient à rappeler son positionnement sur la question et l’avis et recommandations qu’elle a transmis à la Commission santé de la Chambre des représentants en avril 2018 (2).
- Lorsqu’on regarde les données objectives disponibles en terme d’usage, de demande d’information ou de traitement auprès des services spécialisés on ne peut que constater le caractère restreint des problématiques associées à la consommation de protoxyde d’azote.
- Les effets sont quant à eux connus, brefs, limités tout comme les risques associés. Il s’agit de rester objectif et de garder un certain recul sur la question, notamment en comparaison d’autres substances psychoactives (légales ou illégales).
- Concernant la tentation d’un projet de loi visant à interdire le protoxyde d’azote, vu la large disponibilité du produit, notamment sur internet, nous craignons qu’une interdiction de ce produit soit simplement sans effet réel. Elle nous parait par ailleurs disproportionnée au regard des enjeux de santé publique et d’addiction, à un niveau autrement plus préoccupant, liés à l’alcool et au tabac en particulier (et en vente libre aux mineurs dès 16 ans).
- Par conséquent, nous recommandons encore moins une interdiction spécifique pour un public mineur, sachant que cette interdiction pourrait justement attirer l’attention sur l’usage possiblement détourné du protoxyde d’azote et orienter ces derniers vers le marché noir.
- Par ailleurs, il est largement établi que les mesures de santé publique basée sur l’interdit sont moins efficaces – si non contre productives – que des mesures visant à éduquer, prévenir et réduire les risques.
Nous recommandons avant tout le renforcement des stratégies de prévention et de réductions des risques, parent actuellement très pauvre de la politique drogues. Ce renforcement permettrait justement de limiter les prévalences et les risques liés à la consommation de protoxyde d’azote, entre autres produits psychoactifs. Des messages de prévention et de réduction des risques devraient donc être adressés aux publics cibles (qui ne se limitent pas aux mineurs et concernent rarement des moins de 16 ans).
De manière plus globale, il est nécessaire de revoir la politique drogues belge, basée sur une criminalisation largement dépassée : la loi drogues, datant du 24 février 1921, l’illustre parfaitement. Il est illusoire de penser qu’une loi datant du sortir de la première guerre mondiale, et qui n’a été l’objet que de modifications spécifiques, puisse encore répondre aux besoins contemporains.
(1) Le gaz hilarant, un danger pour la santé?(RTBF, 21/8/2018)
La Première, le Journal de 9h (21/08/2018)
Le gaz hilarant, une drogue bien cataloguée par les dealers (Le Soir, 21/08/2018)
Des capsules de gaz hilarant saisies chez un dealer à Laeken (L’Avenir, 20/08/2018)